Bon-a-tirer est une revue littéraire diffusant en ligne, en version intégrale des textes courts originaux et inédits écrits spécialement pour le Web par des écrivains actuels principalement de langue française.






 
UN ART DE VIVRE

Ce matin, avant de sortir, comme j’avais un peu de temps devant moi, j’en ai profité pour continuer à lire Les années difficiles, le journal intime qu’Henry Bauchau a tenu de 1972 à 1983.
   Je l’ai commencé hier au soir, à vrai dire sans guère d’enthousiasme, car il m’a été offert pour mon anniversaire et je renâcle toujours à me plonger dans un livre que je n’ai pas moi-même choisi. Mais, dès les premières pages, j’ai été captivé par la voix douce et limpide d’Henry Bauchau qui décrit, sans fausse pudeur, les joies et la détresse de sa vie d’homme vieillissant. Bien que j’aie déjà lu deux ou trois de ses romans (je me souviens de L’enfant bleu et d’Antigone), je ne sais à peu près rien de lui et je m’imaginais qu’il avait toujours été un écrivain comblé. J’ai tout de suite été ému en découvrant la précarité dans laquelle il vivait à soixante ans passés. Par moments, moi qui, en tant que lecteur, suis si difficile à émouvoir, j’en ai même eu les larmes aux yeux. Couché dans mon lit, j’ai lu, sans m’en apercevoir, durant plus de deux heures, et je crois que j’aurais été capable de lire encore une bonne partie de la nuit si Juliette ne s’était pas réveillée et ne m’avait demandé, avec agacement, d’éteindre la lumière. Je crois qu’il y a des mois, des années peut-être, qu’un livre n’est parvenu à m’intéresser au point de me faire perdre la notion du temps.
   Après le petit-déjeuner, je me suis donc installé dans le salon et j’ai repris ma lecture là où je l’avais laissée. Presque aussitôt, je suis tombé sur ce passage, qui m’a bouleversé : «Le premier soir quand elle est arrivée j’ai été pris par un coup de cafard en voyant à travers ses paroles tous les amis de ma jeunesse, vieillis comme moi-même et pour beaucoup écrasés par la vie.»
   J’ai refermé le livre, incapable d’aller plus loin. Je l’ai posé sur mes genoux et je suis resté pensif pendant un long moment
   Il n’y a pourtant rien de particulièrement profond ou d’original dans ces lignes, elles peuvent même paraître des plus banales. Mais — et c’est un phénomène que j’ai déjà pu observer plusieurs fois — il arrive que, pour des raisons mystérieuses, une réflexion toute simple nous conduise subitement à regarder une réalité que, jusqu’alors, nous nous étions contentés d’effleurer sans y arrêter notre attention.
   Quand j’ai lu les mots : «et pour beaucoup écrasés par la vie», j’ai soudain pris conscience — comme Henry Bauchau, sans doute, le jour où il a rapporté cette vision dans son journal — que la plupart des gens, quand ils sont arrivés à un certain âge, ont leur vie en permanence assombrie par des difficultés, des souffrances de toutes sortes, qui la transforment en un fardeau dont ils ne pourront plus se libérer.
   Assis dans mon fauteuil, j’ai alors été pris d’un sentiment de compassion englobant tous les gens que je connais, même ceux pour lesquels je n’ai jamais éprouvé aucune sympathie ou, mieux encore, que j’ai toujours cordialement détestés. S’ils avaient été près de moi, tous autant qu’ils sont, j’aurais cherché à les réconforter. C’était un moment miraculeux, ne plus ressentir ni agressivité ni haine est une forme de libération qui rend la vie tellement plus légère. J’étais calme, serein, apaisé, et il me semblait que je n’avais jamais été aussi lucide.
   Quand j’ai à nouveau jeté un coup d’œil sur ma montre, j’ai vu qu’il était déjà passé neuf heures. Il fallait maintenant que je m’en aille, j’avais rendez-vous chez le dentiste dans une vingtaine de minutes. J’ai déposé Les années difficiles sur la table basse du salon et je me suis levé, avec regret. J’aurais voulu rester plus longtemps dans l’état où m’avait laissé la lecture d’Henry Bauchau.
   J’avais à peine mis le pied dehors que la ville m’est tombée dessus. Le ciel était pesant, d’un gris sale, avec de gros nuages plus sombres qui semblaient presque à ras des toits. Un vent glacial et humide balayait les rues. Les voitures avançaient au ralenti sur la chaussée détrempée. J’ai marché d’un bon pas pour me réchauffer.
   La tête encore résonnante des mots d’Henry Bauchau, je m’efforçais de regarder avec bienveillance les gens que je croisais mais je dois avouer que je n’y parvenais pas. J’étais pressé d’arriver à destination, c’est tout, et je ne ressentais rien d’autre, en moi et autour de moi, que de l’indifférence. Chacun allait vers son but, enfermé dans son univers intérieur. Dès qu’il a commencé à pleuvoir, mon indifférence s’est même transformée en hostilité pour les automobilistes et les piétons qui obstruaient mon passage.
   Je me suis retrouvé dégoulinant de pluie dans la salle d’attente. Personne ne m’y précédait mais j’ai quand même dû patienter près d’une demi-heure avant qu’une jeune femme ne vienne m’annoncer que le docteur L… avait été appelé d’urgence à l’hôpital et qu’il lui serait impossible de me recevoir aujourd’hui. Je suis sorti en fulminant. J’avais pris congé pour ce rendez-vous alors que j’avais tant de choses à faire au bureau.
   La pluie avait cessé, le vent s’était calmé, il y avait même des trous de ciel bleu dans les nuages et le soleil apparaissait par intermittence. Comme personne ne m’attendait et que je n’avais pas envie de rentrer tout de suite à la maison, j’ai décidé d’aller boire un café au Point de vue. J’ai acheté un journal dans un kiosque et je suis allé m’installer à une petite table de la terrasse chauffée, heureux finalement de pouvoir bénéficier, au milieu de la semaine, d’une journée entière de liberté.
   De l’endroit où je me trouvais, je pouvais voir la place du Beffroi, avec son petit marché aux fleurs et sa fontaine en forme de gueule de poisson qui propulse des gerbes d’eau dans des bassins évasés comme des coquillages. Les passants étaient plutôt rares et, en regardant les marchandes de fleurs qui battaient la semelle et se chauffaient les mains au feu d’un brasero, je me suis promis d’acheter un bouquet pour Juliette.
   Mon attention a ensuite été attirée par un homme qui, de l’autre côté de la place, faisait la manche à l’entrée de la cathédrale, abrité sous le porche. Les mendiants ne manquent pas dans le centre-ville, ils sont même de plus en plus nombreux, des hommes et des femmes de tous âges, qui font maintenant partie du décor, c’est à peine s’ils réussissent encore à éveiller l’intérêt des passants.
   Mais cet homme-là n’était pas pour moi un mendiant comme un autre. Bien qu’il fût éloigné d’une centaine de mètres, j’avais l’impression de le connaître ou, plutôt, de l’avoir connu : j’aurais juré qu’il s’agissait de Jean-Michel. Je ne l’avais plus vu depuis si longtemps que j’aurais été incapable de préciser l’année de notre dernière rencontre mais elle devait dater d’au moins un quart de siècle.
   Jean-Michel avait le même âge que moi et, pendant notre adolescence, nous avions été des amis inséparables, celui dont je me sentais le plus proche et qui partageait avec moi le plus de choses (le cinéma, les livres, la musique…). Nous habitions dans le même quartier et il ne se passait pratiquement pas un jour sans que j’aille chez lui ou qu’il vienne chez moi. À dix-huit ans, avant d’entrer à l’Université, nous avions même fait ensemble le tour du Portugal à vélo. Six semaines à pédaler côte à côte et à dormir dans la même tente. Il m’arrive encore souvent de penser à ce voyage et il ne faudrait pas insister beaucoup pour me faire dire qu’il constitue l’expérience la plus exaltante de ma vie.
   Après, Jean-Michel avait entrepris des études de traducteur tandis que je m’étais inscrit à la faculté de droit mais, dès la première année, sur un coup de tête, il avait tout laissé tomber. Une décision qui ne m’avait d’ailleurs pas surpris. Jean-Michel ne supportait ni les contraintes ni l’ennui. Il était bien plus doué que moi mais beaucoup trop instable, trop impatient, et incapable du moindre effort prolongé. Il avait alors commencé à travailler et, pendant plusieurs années, entre des périodes de chômage plus ou moins longues, il était passé d’un emploi à un autre, délégué médical, agent de sécurité, pigiste pour un quotidien local…
   On s’était mis à se voir moins fréquemment puis, quand il avait déménagé à Bruxelles, presque plus du tout. Je ne sais pas si c’est lui qui avait changé ou bien moi, ou bien tous les deux, mais le courant ne passait plus comme avant. Finalement il était parti vivre dans le nord de la France et le contact entre nous s’est définitivement rompu.
   Je ne pouvais détacher mon regard de cet homme qui faisait la manche à l’entrée de la cathédrale et, plus je le regardais, plus je me disais que j’étais victime d’une méprise. Il était impossible qu’il s’agisse de Jean-Michel (comme si les mendiants le sont nécessairement depuis toujours et que personne ne puisse le devenir au milieu de sa vie).
   Pour en avoir le cœur net, j’ai quand même fini par me lever, j’ai traversé la place et je suis allé vers lui. À mesure que je me rapprochais, j’étais de plus en plus convaincu d’avoir fait erreur. Il y avait incontestablement un air de ressemblance mais l’homme paraissait bien plus âgé que Jean-Michel, au moins d’une dizaine d’années. Il se tenait voûté, les épaules rentrées. Il avait de grosses poches sous les yeux, son front était creusé de rides profondes, des mèches de cheveux gris dépassaient du bonnet qu’il avait sur la tête.
   J’étais soulagé parce que, de manière absurde, je me serais senti en partie coupable de la déchéance de Jean-Michel. Si nous étions restés amis, je n’aurais pas manqué de penser qu’il ne serait jamais tombé aussi bas.
   Le mendiant portait un jean en velours et une parka militaire avec un col de fourrure. Il avait un gobelet en carton dans la main et restait parfaitement immobile, le regard baissé.
   Quand je suis arrivé près de lui, j’ai jeté un euro dans le gobelet et c’est alors seulement qu’il a levé les yeux, en même temps qu’il prononçait un vague merci. Nous nous sommes regardés et, à ce moment-là, un sourire a illuminé son visage. Je suis resté sans voix tandis que lui s’exclamait :
   – Ben ça alors! Si je m’attendais à te revoir!
   J’ai balbutié :
   – Jean-Michel… Mais… Qu’est-ce que tu fais là?…
   Il m’a répondu, avec cet air moqueur qui, autrefois, ne l’abandonnait jamais :
   – Tu le vois bien, non?… J’arrondis mes fins de mois. Et tu sais quoi?… Ce matin, tu es mon plus généreux donateur…
   Il souriait toujours, visiblement détendu. Ses yeux ne quittaient plus les miens. Moi j’essayais d’avoir l’air naturel pour qu’il ne sente pas humilié mais j’avais toutes les peines du monde à y parvenir. Je ne savais pas quoi lui dire, je ne savais pas non plus si je devais l’embrasser ou lui serrer la main.
   Il a éclaté de rire :
   – Et bien, mon vieux, tu en fais une tête! On dirait que tu viens de voir un fantôme…
   Je lui ai alors proposé d’aller boire un verre. Il a tout de suite accepté et, spontanément, nous nous sommes dirigés vers le Seigneur d’Amay, un bistrot tout proche de la cathédrale, où nous avions l’habitude de nous retrouver après les cours. C’est même là que nous avions fêté la fin de nos études secondaires. Depuis cette époque, il a maintes fois changé de propriétaire mais le cadre est resté identique, tout en boiseries, miroirs et banquettes de moleskine.
   Une fois assis en face de lui, je me suis senti beaucoup mieux. Malgré les années, malgré son visage terriblement vieilli, j’ai eu l’impression de le retrouver. Je n’avais plus devant moi un mendiant dont j’avais été l’ami il y a bien longtemps mais mon vieux copain Jean-Michel. La distance qui me séparait de lui s’était abolie tout à coup. J’ai été submergé par un sentiment de bien-être et, plus encore, de joie.
   Des amis, je n’en manquais pas mais, avec aucun, je n’étais parvenu à établir une relation aussi forte que, jadis, avec Jean-Michel. Bien plus qu’un ami, il avait été pour moi un frère, et cette complicité qui nous avait unis, il me semblait que je la retrouvais intacte. Comme avant, j’éprouvais en face de lui la sensation d’être transparent, je veux dire complètement nu et sans aucun besoin de cacher cette nudité. Sensation que je n’avais plus connue avec personne, pas même avec Juliette. Et je crois pouvoir affirmer qu’il était animé par les mêmes sentiments que moi. Lui aussi paraissait heureux. Il me regardait et ses yeux étaient sans nuage. Comment, pendant autant d’années, avions-nous pu être morts l’un pour l’autre?
   Nous sommes restés des heures à parler. Je lui ai raconté ma vie et il m’a raconté la sienne. Alors que je me suis construit, pour ainsi dire sans heurt, une existence bourgeoise et tranquille, Jean-Michel est resté fidèle à lui-même en suivant avec constance une trajectoire chaotique. Il a déménagé une quinzaine de fois, et toujours pour aller habiter dans une ville différente, en France d’abord puis en Espagne, avant de revenir en Belgique. Il s’est marié à trois reprises pour divorcer presque aussitôt, laissant derrière lui autant d’enfants qu’il a cessé de voir peu après leur naissance. Il a exercé les métiers les plus divers, le dernier — exploitant d’une vidéothèque — l’ayant précipité dans une situation sans issue. Criblé de dettes et accusé de faillite frauduleuse, tous ses biens ont été saisis et il s’est retrouvé à la rue après avoir été expulsé de son appartement. Il a touché le fond et, depuis près de deux ans, il vit dans la pauvreté et la solitude.
   Comme il en est réduit à faire la manche, j’ai cru qu’il ne disposait d’aucune ressource, mais il m’a appris qu’il perçoit une allocation de subsistance versée par les services sociaux de la ville. Elle lui permet de subvenir à ses besoins et de payer le petit loyer d’une chambre de bonne, dans une maison du centre-ville qui appartient à l’évêché.
   Quelle raison a-t-il alors de mendier?
   Je pensais connaître la réponse (besoin d’alcool ou de drogues) et, quand je lui ai posé la question, j’ai cru qu’il allait se troubler mais c’est l’inverse qui s’est produit. Son regard s’est mis à pétiller, son sourire s’est agrandi et il m’a répondu, en élevant la voix :
   – C’est pour mes sculptures…
   En voyant mon air interloqué, il a poursuivi :
   – Tu comprends, je n’ai pas assez d’argent pour m’ache-ter les matériaux nécessaires à mes sculptures… Et c’est tellement important pour moi… Je crois même que c’est la seule chose dont je ne pourrais plus me passer…
   Je lui ai demandé de m’en dire un peu plus et il s’est alors montré intarissable. Il m’a expliqué qu’il avait été initié à la sculpture par une artiste avec qui il avait vécu en Espagne, trois ans plus tôt. Il y avait tout de suite pris goût, au point d’y consacrer la plupart de ses heures de loisirs. Il m’a dit qu’il travaillait uniquement avec de l’argile naturelle rouge et il m’a montré, avec un luxe de détails, comment il procédait, en mimant avec les mains les différentes opérations, le pétrissage, le modelage, le polissage, la mise en peinture… La passion se lisait dans ses yeux, elle s’entendait dans sa voix.
   Quand je lui ai confié que j’aimerais découvrir ses œuvres, il m’a immédiatement proposé d’aller chez lui. J’ai réglé l’addition et je l’ai accompagné.
   Il habite sous les combles, dans une ancienne maison de maître qui compte trois étages. Ce qu’il appelle sa chambre de bonne est en réalité un grenier auquel on accède par un escalier en colimaçon. Deux pièces mansardées le composent.
   La première, qui est aussi la plus petite (à peine une quinzaine de mètres carrés), est meublée sommairement : un lit, une table avec deux chaises, une armoire, un évier. C’est là que vit Jean-Michel. On pourrait difficilement imaginer un intérieur plus dépouillé.
   La seconde, plus vaste et plus lumineuse, abrite son atelier. Quand il en a ouvert la porte et que, le regard fier, il m’a invité à entrer, j’ai découvert un univers extraordinaire. Partout il y a des sculptures : sur la grande table occupant la partie centrale, sur les étagères garnissant chaque pan de mur, et même, par endroits, sur le plancher. Toutes ont à peu près la même taille, vingt centimètres au maximum, et représentent des créatures imaginaires, mi-hommes, mi-animaux, colorés dans des tons pastels, le plus souvent jaunes, rouges ou orangés. Certains ont un nez, d’autres un bec ou un museau. Leurs yeux sont proéminents et grands ouverts. Les têtes sont ébauchées à gros traits mais parviennent à exprimer toute la gamme des sentiments, du désespoir à la béatitude. Elles sont posées sur des corps aux formes les plus diverses, parfois obèses, parfois squelettiques, mais tous sont debout, dressés sur leurs jambes ou leurs pattes.
   La sculpture est pour moi un domaine étranger et je serais bien incapable de juger la qualité artistique des œuvres de Jean-Michel, mais je peux assurer que cette multitude de personnages hallucinés a quelque chose de saisissant.
   Après avoir fait le tour de l’atelier, je me suis tourné vers Jean-Michel. Il se tenait dans l’encadrement de la porte, il me regardait, le visage rayonnant. Il a fait un pas en avant, il a pris sur la table l’œuvre qu’il était en train de réaliser et, en la tenant en équilibre dans la paume de sa main, il m’a dit :
   – Tu vois, la vie n’est pas finie.
   Je ne sais pas ce qui m’a pris mais j’ai éclaté de rire, un rire inattendu qui est subitement monté du plus profond de moi et s’est déversé en cascade. D’abord, pendant un très court instant, j’ai vu la surprise dans les yeux de Jean-Michel, puis il a lui aussi éclaté de rire. On riait tous les deux sans pouvoir s’arrêter. Tout autour de nous, les petits êtres sortis de l’imagination de Jean-Michel nous regardaient avec des yeux ronds.
   J’avais envie de rester encore avec lui et je lui ai proposé de fêter dignement nos retrouvailles. Je suis descendu dans la rue pour acheter un casier de bières. Ensuite nous nous sommes installés dans son atelier et nous avons continué à parler jusqu’en fin d’après-midi. Nous avions tant de choses à nous dire. Je crois que je ne m’étais plus senti aussi bien, aussi détendu, depuis des années.
   Au moment de partir, Jean-Michel m’a offert une de ses sculptures, celle que tu préfères, m’a-t-il dit, tu n’as qu’à te servir. Mon choix s’est porté sur un vieil homme hilare, avec des pieds palmés et une grosse tête ronde surmontée d’un chapeau en pointe. Jean-Michel l’a enveloppée dans du papier journal puis dans un vieux linge maculé de peinture séchée. Le soir tombait. Je suis rentré directement chez moi en traversant la ville. J’avais trop bu et j’étais dans un état euphorique. J’ai glissé la sculpture sous mon manteau, j’ai marché en la tenant des deux mains contre ma poitrine et, malgré la pluie, malgré le vent, malgré les rues encombrées, je souriais à tous les gens que je croisais.

Copyright © Marc Pirlet, 2011
Copyright © Bon-A-Tirer, pour la diffusion en ligne

 

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