Bon-a-tirer est une revue littéraire diffusant en ligne, en version intégrale des textes courts originaux et inédits écrits spécialement pour le Web par des écrivains actuels principalement de langue française.






 
RAPTUS

Il va de soi qu'avec tout ça, Matthieu a raté son arrêt. Le voilà porte de Vitry. Que va-t-il faire ? Reprendre un bus dans l'autre sens ? Non, tant pis. Vincent n'habite pas si loin, et ces quelques centaines de mètres, c'est un plaisir de les faire par un temps pareil, en ce crépuscule d'été où l'air est doux comme de l'eau.
   Ce qui l'était moins, en revanche, c'était une légère raideur dans la nuque, dans tout le haut du dos. Ces examens à préparer, il était resté trop longtemps assis ces dernières semaines, trop de tension et d'immobilité, il était temps qu'il retourne à la piscine.
   Il sortit son agenda, nota: "Aller à la piscine", relut "Appeler Philippe", et songea que s'il avait eu un téléphone portable, il l'aurait fait tout de suite au lieu de le noter. Ces menues tâches, même agréables, prenaient trop de place dans son esprit tant qu'il ne les avait pas effectuées. Il y pensait à contretemps, cela venait le parasiter, parfois, en pleine concentration, au milieu d'un calcul, d'une phrase difficile qu'il essayait de comprendre, quand il relevait le nez de sa feuille et que lui venait en tête, au lieu de l'idée fugitive: "Aller à la piscine. Rendre livres bibliothèque."
   C'est que ces petites tâches, il n'était pas toujours possible de les accomplir sur-le-champ, même s'il s'y efforçait. Aller à la piscine, appeler Philippe, il n'était évidemment plus question de le faire avant le lendemain. Sauf s'il avait eu un téléphone portable… Il ressortit son agenda et nota: "Acheter un téléphone portable."
   Il se remit en route, mais bientôt sa marche ralentit. Il s'arrêta de nouveau, ressortit le carnet et barra ce qu'il venait d'écrire, avant de le renoter à la page de la semaine suivante. Inutile d'encombrer son agenda avec ça cette semaine, il n'aurait de toute façon pas le temps d'entrer dans un magasin d'ici mardi prochain. Mardi après-midi, pour être plus exact. D'ailleurs…
   Il rouvrit encore le carnet, barra "Acheter un téléphone portable" dans le pied-de-page réservé aux tâches en souffrance, et le réécrivit à la date de mardi, quatorze heures trente. Comme ça, c'était réglé: il n'y penserait plus ni avant, ni après.
   Si l'on pouvait trouver un système pour ne penser aux choses qu'au moment souhaité: ni avant, ni après — quel gain de temps, quelle liberté pour l'esprit ! Il existait certainement des techniques, des techniques mentales, c'est une affaire de compartimentation, il faut tracer des lignes invisibles dans ses espaces mentaux, les quadriller comme un potager: ici des carottes, là des salades, des petits pois. Beaucoup de génies, de grands hommes avaient fonctionné de cette façon, c'est ce qui expliquait leur efficacité et leur mémoire colossales, Napoléon, Jules César, Einstein ?… des gens dont l'esprit était comme un meuble à tiroirs. Je ferme celui-ci, avant d'ouvrir celui-là.
   Peut-être était-ce ainsi que Jean-Claude Wirth pouvait survivre, lui, sans ressentir de malaise particulier ? J'ouvre le deuxième tiroir, je ferme le premier, quel premier ? Il n'y a pas de premier, je ne connais qu'un seul tiroir à la fois, père, veuf, ministre, copropriétaire, gendre, président du groupe socialiste à l'Assemblée… Tout un art. Un grand homme ? Peut-être.
   Se compartimenter l'esprit. Et, corollaire, compartimenter son temps, son emploi du temps. Matthieu ne pouvait vivre sans agenda, mais celui-ci était encore beaucoup trop blanc à son gré, il l'aurait voulu entièrement noirci, l'espace des journées entièrement balisé: ici des carottes, là des petits pois. De onze à midi je lis Spinoza, de douze à treize je prends un pot avec Vincent, à quatorze heures trente j'achète un portable, de dix-neuf heures à vingt heures je me déguise en pasteur protestant.
   C'était cela son unique regret, dans la future carrière qu'il s'était choisie: il ne serait jamais de ces cadres supérieurs, de ces chefs d'entreprise dont l'emploi du temps est intégralement fixé, et au surplus tenu à jour par quelqu'un d'autre. "Un instant, je vous prie." Ligne intérieure: "Madame Sinta, je n'ai rien mardi à quatorze heures trente ? Ah oui, en effet, le dentiste. Je vous remercie, madame Sinta."
   Une belle chose, au fond, un incroyable gain de temps. Au fait, attention: il ne s'agissait pas maintenant de manquer la rue de Vincent. Du reste, il y était. — Un gain de temps, un soulagement pour l'esprit qui du coup, n'avait plus à supputer sans cesse ce qui était le plus urgent, le plus opportun de faire: chaque chose à sa place et en son temps. Se cloisonner l'esprit, jalonner d'avance sa pensée. C'était fatigant, ce fleuve qui lui coulait en permanence dans la tête.
   Il avait escaladé les quatre étages, reprit son souffle avant de frapper. La porte tourna sur ses gonds.
   «Salut», jeta depuis le seuil une fille inconnue, mais qui avait furieusement l'air d'être chez elle. «Je m'appelle Margot.»
   Une nouvelle conquête de Vincent, à ce qu'il semblait. Irritante créature. Parce que: très jolie, très sûre d'elle, lui donnant l'impression que c'était lui le gêneur, sans avoir l'air de se douter un instant qu'elle n'avait rien à faire là, dans cette réunion de garçons, d'anciens condisciples qui avaient ensemble ramé sur Kant et tremblé sous la férule du terrible Jarnac. Et le comble, c'est que — chose qu'il détestait — elle l'avait dès la première seconde enveloppé d'un regard appréciateur, depuis le dessin de sa bouche jusqu'au haut de ses cuisses, avec un arrêt rapide aux épaules pour en jauger la robustesse.
   "Belle viande", sembla être sa conclusion.
   Il la gratifia d'un sourire énigmatique et alla rejoindre Vincent, debout près de la fenêtre avec quelques autres. Une seconde fille, un type plus vieux — décidément non, il y avait maldonne, ce n'était pas du tout le petit comité auquel il s'attendait. (Sûrement une idée de Margot, ça, de faire venir tous ces gens qu'il ne connaissait pas.)
   Il but un verre de vin, un deuxième, mangea une poignée de cacahuètes (ses deux œufs ne suffiraient pas à éponger, à ce rythme-là), se versa un troisième verre d'autre chose. On parlait de tout et de rien, Vincent, très remonté, disséquait un projet de réforme des premiers cycles qui allait… Matthieu se rapprocha. Entra enfin dans la conversation, s'y engagea, s'y oublia. Le temps passait, enfin, le temps reprenait son cours, le cours qu'il a pour tout le monde, rapide, léger malgré tout, le temps tel qu'il passe quand on travaille, quand on bavarde entre amis et qu'il y a du vin, quand on nage à la piscine dans un fracas d'eau, bienfaisant, qui empêche de penser. Le temps qui passe sans histoires et fait dire, tout d'un coup: Tiens, déjà dix heures ?

(Matthieu devrait avoir plus d'amis ou, du moins, voir plus souvent ceux qu'il a. Il devrait aussi être moins sensible aux atmosphères, aux petites phrases, aux présences qui ne lui plaisent pas. Ce qui me préoccupe chez Matthieu, c'est qu'il ait l'âme à ce point poreuse, tout s'infiltre dedans, il suffit d'un rien pour l'abattre ou le déconcentrer: du cran, voyons, sois un homme, Matthieu, laisse donc les choses glisser sur toi et envoie-les au diable. Mieux: contre-attaque ! Et si c'étaient les autres, pour une fois, qui devenaient poreux à tes caprices, à tes volontés, à tes humeurs ? — Je vous le dis en confidence: j'ai l'impression que c'est ce qu'il essaie maladroitement de faire avec ses canulars et ses farces d'écolier: agir sur autrui, susciter de violentes réactions d'agacement ou de frayeur.
   Matthieu, donc, devrait avoir plus d'amis, et aussi être capable de fréquenter plus de gens à la fois. Car enfin, prenons cette soirée où il connaît tout compte fait quatre personnes sur sept, de quoi occuper, n'est-ce pas ? même un garçon peu sociable et peu liant — eh bien non, c'est déjà trop, le voilà perdu parce que trois conversations ont lieu simultanément et que, du coup, il n'en comprend plus aucune. Mais choisis-en une, Matthieu, bon sang de bonsoir ! choisis celle qui t'intéresse le plus et n'écoute plus les autres, fini, basta !
   Mais Matthieu n'arrive pas à déterminer celle qui l'intéresse le plus. Et, à force de se poser la question, il finit par se demander si aucune des trois l'intéresse: les voix lui parviennent comme assourdies, il voit ses camarades comme à travers une vitre, Loïc ouvre et referme la bouche comme un poisson, c'est très curieux à observer, mais quant à savoir ce qu'il dit !…)

Soudain il eut trop chaud et se réfugia dans la cuisine, où la lumière était éteinte et la fenêtre grande ouverte. Tiens, il y avait déjà quelqu'un: le type plus âgé, en train de griller une cigarette accoudé au balcon.
   Matthieu allait battre en retraite quand le fumeur se retourna.
   «Bonjour.»
   La cigarette rougeoya, éclairant un large sourire. Puis il y eut le bruit de la fumée qu'on souffle.
   «Moi, c'est Tahar, annonça-t-il. Le vieux Tahar !»
   Et comme Matthieu ne disait rien, il poursuivit : «Un ami du frère d'Alex. En thèse à Paris-I.»
   «En thèse ? En thèse de quoi ?»
   «Philosophie médiévale.»
   Matthieu avala sa gorgée de travers. Cette cuisine plongée dans le noir, Tahar, philosophie médiévale: il avait sursauté.
   «Matthieu», s'empressa-t-il de dire dès qu'il en fut capable. «Matthieu Wirth.»
   C'était tout à fait superflu, cette précision, personne ne lui en demandait autant mais c'était sorti tout seul, comme quand on court avec un seau trop plein et que la flotte déborde. Stupide. Matthieu Wirth ! Lui qui était venu reprendre pied, tranquille, dans le silence de cette cuisine !
   Mais par bonheur, Tahar n'avait pas compris son patronyme, ou (moins probable) ne connaissait pas le nom du président du groupe socialiste à l'Assemblée, ou alors s'en moquait. Un bon point, en tout cas.
   «Tu es en philo, toi aussi ?»
   «Oui. Et aussi en DEUG de maths.»
   Matthieu lui expliqua en deux mots ce qu'il faisait, mais revint rapidement à la charge avec d'autres questions. Le personnage l'intriguait. Il aimait que Tahar ait dix ans de plus qu'eux, se retire dans la cuisine, dans le noir, pour regarder par la fenêtre, parle doucement, d'une voix dont le timbre et surtout l'accent lui plaisaient…
   «Tu es marocain ?»
   «Oui.»
   Comme Cherifa, pensa-t-il. Mais pouvait-on dire cela ? "Marocain ? Mais c'est merveilleux ! Comme ma nounou-femme de ménage quand j'étais petit !" Non; c'était maladroit. C'était presque une gaffe. Comment bien expliquer ce qu'avait été Cherifa ? Cherifa, le seul sourire de femme dans la demeure qu'il habitait enfant, Cherifa qui avait peur de l'eau, Cherifa et ses chansons, Cherifa qui confectionnait des feuilletés aux noisettes dans de la feuille de brick…
   Pendant ce temps, le vieil étudiant était en train de lui raconter des bribes de sa vie: en France depuis dix-huit ans, des études en pointillé, divers boulots (une fois vacataire à la Bibliothèque nationale; par périodes commis dans un magasin de fruits et légumes dont son oncle était gérant), une thèse qu'il aurait dû finir depuis longtemps, mais bon…
   «Elle est sur quoi, cette thèse ?»
   Dans l'obscurité les yeux de Tahar s'illuminèrent, sa voix devint plus rapide:
   «Je fais une recherche sur le dernier philosophe arabe: Jamil al-Murci. Né à Grenade en 1347, mort en 1410 à Rabat. Chez moi. Je suis né à Rabat, moi.»
   «Le dernier philosophe arabe ?»
   Tahar s'alluma vite une autre cigarette avant de répondre:
   «Oui, je sais, on dit toujours qu'après Ibn Sab'în il n'y a plus rien eu. Eh bien, non ! On a retrouvé des manuscrits, il y a quelques années de ça. Enfoncé, Ibn Sab'în ! En 1385, al-Murci écrivait encore un Grand commentaire des Lois de Platon. Alors, mon frère, qu'est-ce que tu dis de ça ?»
   Il tira une dernière bouffée triomphale de sa cigarette, l'écrasa, et répéta, dans un chuchotement surexcité:
   «En 1385, tu te rends compte ?»
   Un normalien, peut-être ? Mais non: il venait de lui raconter ses études par le menu et n'en avait rien dit. Matthieu le regarda ouvrir le frigidaire, y prendre une bière et la décapsuler.
   «Excuse-moi, mais à vrai dire je ne saisis pas très bien… Qu'est-ce que ça veut dire, le dernier philosophe arabe ?»
   «Le dernier ? Le dernier, quoi ! Ça veut dire qu'il n'y en a pas eu après.» Il rit. «J'écris la première thèse sur le dernier faylasuf, c'est le pied, non ? Quand je pense que j'ai entendu dire par un petit con de biologiste qu'en matières littéraires, la recherche, ça n'existait pas !»
   Il était peut-être un peu timbré mais amusant, au moins.
   «Tahar: je suis désolé, mais je ne vois toujours pas.»
   «Qu'est-ce que tu ne vois pas ?»
   «Ton… al-Murci. Pourquoi tu dis que c'est le dernier ?»
   «Mais ! parce que la philosophie, après lui, c'était fini. Dans l'Islam occidental.»
   «Comment ça, fini ! J'imagine bien que depuis le temps, il y a quand même eu…»
   «Quoi: des penseurs ? des mystiques ? des historiens, des juristes intelligents ? Évidemment qu'il y en a eu. Mais moi je te parle de philosophes. Et la philosophie arabe, Matthieu, c'est quelque chose de bien précis. C'est ce qu'on appelle philosophie au Moyen Âge, c'est-à-dire: l'étude de la philosophie antique; de la philosophie antique grecque; et encore plus précisément: d'Aristote et de Platon. Ce sont les traductions et les commentaires d'Aristote et de Platon par des lettrés arabes, point final. Philosophie, falsafa, c'est un mot grec, c'est une chose grecque.»
   «Tiens», fit Matthieu. Il n'avait jamais envisagé les choses sous cet angle-là — jamais pensé que cette discipline, la sienne, était géographiquement si liée à une culture, ontologiquement si liée à une tradition. Et s'il terminait sa maîtrise, donc, ce serait aussi un (tout petit) commentaire du commentaire du commentaire du commentaire du commentaire du commentaire… d'un quelconque texte philosophique grec ? Amusante aussi, cette pensée, troublante. «Bon. D'accord. Tu veux dire qu'après al-Murci, plus personne dans le monde musulman…»
   «Dans le monde musulman occidental. Méditerranéen, si tu préfères. En Perse, par exemple…»
   «D'accord. Donc, dans le monde musulman occidental, plus personne n'a commenté la philosophie grecque, c'est ça ? Et pourquoi, au fait ?»
   «Pourquoi, pourquoi ! C'est ce que je me demande, moi aussi. On donne toutes sortes de raisons. Mais on pourrait en donner d'aussi bonnes pour expliquer le contraire, le cas échéant. Pourquoi une chose commence — ma foi, on trouve toujours l'individu à part, la circonstance rêvée, le truc ou le machin qui sert de déclencheur. Mais pourquoi elle s'arrête… pourquoi quelque chose finit, reste sans résurgence, sans renaissance, enterré, mort, ça, ça me paraît beaucoup plus mystérieux.»
   En effet.
   Matthieu, à son tour, attrapa une bière et s'assit à la petite table de la cuisine. De la fenêtre ouverte montait un bruit de circulation, une vague odeur de fleurs: l'été.
   Il essaya de se représenter ce qu'avait pu être le monde vu par les yeux de Jamil al-Murci (Grenade, 1347 - Rabat, 1410). Évidemment, le gars ne pouvait pas se dire: Je suis le dernier philosophe arabe d'Occident. Pour lui, la situation en un sens était moins dramatique. Mais l'était-elle vraiment, au fond ? Est-ce qu'on ne pressent rien de ces choses-là ? Est-ce que, justement, al-Murci n'avait pas passé sa vie de penseur à se dire, à sentir, du moins (devant la désertion de ses disciples, les menaces voilées des autorités religieuses, les regards torves du boulanger d'en face): Je suis le dernier philosophe arabe d'Occident ? Quelque chose comme ça ?
   Mais peut-être que pas du tout. Peut-être qu'il crevait de vanité et occupait ses journées, entre deux paraphrases de Platon, à se caresser la barbe tout en pensant: Je suis le premier depuis — comment disait Tahar ? — depuis Ibn Sab'în, voilà, je suis le premier depuis Ibn Sab'în à ressusciter la falsafa.
   Allez savoir.
   «Donc, tu écris une thèse sur al-Murci.»
   Mais ici tout s'arrêta, car la lumière venait d'être rallumée. Par Margot. Qui les dévisagea tous deux, un instant démontée, oh ! un instant seulement. Aussitôt après elle souriait de nouveau, s'approchait, les mains dans les poches arrière de son jean, voulait savoir de quoi il retournait.
   «D'al-Murci et d'Ibn Sab'în», asséna Matthieu, espérant la mettre en fuite.
   Margot, de son propre aveu, ne connaissait rien à la philosophie arabe, ni à la philosophie médiévale en général. Mais, en fille manifestement intelligente, elle posait les bonnes questions, voyait tout de suite les problèmes sous leur angle le plus pertinent, conceptualisait au quart de tour. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, c'était elle qui expliquait à Tahar pourquoi sa deuxième partie resterait toujours bancale s'il ne faisait pas un sort, d'entrée de jeu, à ce qu'elle appelait "le moment théologique", et lui recommandait, "sur tous ces trucs", deux ou trois titres anglo-saxons qu'il ne connaissait pas.
   Puis elle se tourna vers Matthieu et il frémit: c'était à lui, maintenant. Il prit un air impassible, revêche: elle cilla. Vraiment jolie pourtant, une beauté piquante, spirituelle, il l'aurait bien imaginée tenant salon en plein siècle de Louis XIV, toute poudrée, protégeant La Fontaine, Méré, Saint-Évremond et leur rivant leur clou: "Très bien le second livre de vos Fables, mon petit Jean, mais voyez-vous, il restera toujours bancal si vous ne…"
   Jolie. Et apparemment en train de se prendre de béguin pour lui. Enamourée, la fille, elle ne le lâchait plus des yeux. Ou alors c'était une allumeuse de première. Possible aussi. Il n'était plus tellement sûr qu'elle soit la nouvelle amie de Vincent, finalement, Vincent n'avait rien montré en ce sens, et les péronnelles de ce genre ont partout l'air d'être chez elles… Danger, lui signalait quelque part en son for intérieur un subtil instrument de contrôle, un lointain clignotant, danger, danger…
   Une heure et quelques verres après, il ne s'en était pas moins engagé, il ne savait plus comment, à aller déposer chez elle, dans le courant de la semaine suivante, un livre épuisé qu'il possédait et qu'elle avait terriblement envie de lire.
   Puis, encore beaucoup plus tard, c'était sa bonne vieille chambre, au petit matin, dans un concert abrutissant de chants d'oiseaux, sa chambre et son lit sur lequel il s'abattait sans même le défaire, ses chaussures aux pieds.

 

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